Les espaces maritimes : approche géostratégique

Cette carte est importante car elle résume tout – à connaitre



LE COURS

Le contrôle des espaces stratégiques a souvent été une des clés de la puissance.

Dans l'Antiquité, il s'agissait du contrôle de la Méditerranée.

Depuis l'époque moderne, la domination des mers conduit à la puissance. On parle ainsi de thalassocratie » (thalassa = « mer » en grec) pour l'Empire britannique au début du xxe siècle. Aujourd'hui, les 70 % de la surface du globe recouverts de mers et d'océans constituent un enjeu majeur.

Ces espaces sont à la fois des lieux d'échange et des lieux où les États affirment leur puissance.

Quel est le rôle des espaces maritimes dans l'espace mondial ? Quels sont les enjeux et les acteurs de ces espaces ?


Partie 1 Des lieux clés de la mondialisation


A L'importance des ressources maritimes

a) Les ressources énergétiques Les sous-sols marins recèlent des hydrocarbures (gaz et pétrole)

  • Concernant les réserves, on parle de 25 % du pétrole et 34 % du gaz.

  • En matière de production, les espaces maritimes fournissent aujourd'hui environ 30 % de la production de pétrole et 27 % de la production de gaz. L'exploitation de ces gisements offshore se fait au moyen de plateformes en haute mer (en Norvège, dans le golfe du Mexique, au large du Brésil…). La possession de ces gisements est donc un enjeu majeur pour les pays disposant d'un espace maritime.

b) Les ressources alimentaires
- Les espaces maritimes disposent d'immenses réserves halieutiques (liées à la pêche). Elles fournissent près de 100 millions de tonnes de poissons et de crustacés par an, ce qui constitue un apport nécessaire à l'alimentation de la planète.

-Les principales zones de pêche se trouvent au large de la côte ouest de l'Amérique, à l'est de celle de l'Asie, au nord-ouest de celle de l'Europe.

B L'importance des flux maritimes

a) Les grandes routes maritimes

La majorité des flux transcontinentaux de marchandises transitent par les espaces maritimes, soit 88 % du total. Ce trafic s'effectue pour l'essentiel sous la forme de conteneurs disposés sur des navires porte-conteneurs. Les hydrocarbures sont transportés par des supertankers (pétrole) et des méthaniers (gaz).

 

Les flux humains sont également considérables.

Dans les pays du Sud, notamment en Indonésie ou dans le golfe de Guinée, le transport maritime de passagers reste important. À cela s'ajoutent les flux de migrants légaux et illégaux en Méditerranée, ainsi que les transports touristiques, avec le développement des croisières, notamment en Méditerranée ou dans les Caraïbes.


b)  Les autres réseaux transcontinentaux
=> D'autres réseaux traversent les océans. Par exemple, certains oléoducs et gazoducs, comme celui entre l'Algérie et l'Italie.

=>Il existe également des réseaux de câbles qui supportent le trafic de la bande passante Internet.


c)  Les points de passage stratégiques
=> Il s'agit tout d'abord des détroits : Gibraltar, Malacca, le Bosphore, les Dardanelles, les détroits d'Ormuz et de Bab-el-Mandeb sont autant de points de passage pour les flux de matières premières.

=> Il en va de même pour le canal de Suez et celui de Panamá.


B L'importance des façades maritimes

a) Des interfaces majeures de la mondialisation
Les façades maritimes sont donc des lieux clés de la mondialisation. Elles sont l'aboutissement des flux, l'espace où se rencontrent l'arrière-pays de cette façade (appelée « hinterland ») et son avant-pays (« voreland »), élargi au monde entier par la mondialisation. Les principales façades maritimes sont celles de l'Asie orientale, de l'Amérique du Nord-Est et de l'Europe de l'Ouest (avec le « Northern Range » du Havre à Hambourg).

b) Une hiérarchie des grands ports
Parmi ces façades maritimes s'affirment de très grands ports à conteneurs. On en compte désormais une dizaine dans le monde qui dépasse 200 millions de tonnes de trafic par an, dont huit en Asie orientale (Singapour, Hong Kong).


c) Les pays enclavés : des exclus de la mondialisation ?
Dans ce contexte, les 33 pays enclavés (ne disposant pas de côte) sont donc handicapés dans leur intégration au sein de l'espace mondial.


Partie 2 Des lieux convoités

A La propriété des espaces maritimes

a) La règle des 200 milles marins
La possession des espaces maritimes est un enjeu majeur.

  • Sur 12 milles marins depuis la côte (1 mille = 1 852 mètres), les États sont pleinement souverains sur les espaces maritimes.

  • Jusqu'à 200 milles marins, s'étend une zone économique exclusive. L'État en question peut y exploiter les ressources maritimes, mais doit garantir la libre circulation des navires originaires des autres États.

b) Les eaux internationales
Le reste des espaces maritimes est constitué par les eaux internationales, qui sont considérées comme la propriété d'aucun État. La circulation y est totalement libre.

c) Les partages concertés
Cette situation provient d'une concertation dans le cadre de l'ONU. Ces négociations ont été longues et difficiles. La conférence sur le droit de la mer s'est ouverte en 1973, mais les accords de Montego Bay n'ont été signés qu'en 1982 et appliqués qu'en 1994. Des modifications de détail étaient possibles jusqu'en 2009.

d) Des espaces de déploiement pour les grandes puissances
Les mers et les océans sont aussi des espaces de déploiement pour les grandes puissances militaires du monde. Les États-Unis possèdent des flottes sur tous les océans, concurrencés seulement régionalement par la Russie ou la Chine.


B Les tensions

a)  Les zones maritimes contestées
On constate ainsi l'existence de zones de tensions pour la domination sur les espaces maritimes.

En effet, l'attribution des 200 milles nautiques peut poser problème en cas de proximité d'États concurrents. C'est le cas en Asie du Sud-Est. Dans la mer de Chine méridionale, la Chine revendique des espaces maritimes également réclamés par d'autres États voisins. Il s'agit de contrôler des îles pouvant servir de point d'appui, comme les Spratly ou les Paracel, mais aussi d'importants gisements offshore d'hydrocarbures.

Dans l'Arctique, il existe des contestations entre la Norvège et la Russie et entre le Danemark (qui possède le Groenland) et le Canada. Là encore, l'enjeu réside dans la maîtrise des ressources supposées en hydrocarbures.


b) Les concurrences pour les ressources
Outre les concurrences déjà évoquées pour la possession des espaces maritimes, il existe également des tensions pour l'exploitation des ressources. Ainsi, les concurrences sont nombreuses en matière de zones de pêche, comme entre la France et l'Espagne.


Partie 3. Des lieux fragilisés


A  Des espaces incontrôlables

• La question de la piraterie
Malgré ces concertations et ces convoitises, les espaces maritimes ne sont pas totalement sous le contrôle des États. Certains d'entre eux font partie des « zones grises » de la planète. C'est le cas des zones d'action de la piraterie. Il s'agit des espaces au large de la Somalie et du Yémen, du détroit de Malacca et du golfe de Guinée.


• La question des trafics illégaux
Parmi les flux qui parcourent les espaces maritimes, on compte également les trafics illégaux. Armes, drogues, trafics d'êtres humains transitent par voie maritime. Ces réseaux sont très actifs en mer de Chine ou même en Méditerranée.

• La question des paradis fiscaux
En lien avec ces trafics, on constate que la plupart des paradis fiscaux sont des îles, avec une densité toute particulière dans les Caraïbes. On peut citer le cas des îles Caïmans ou des Bahamas.

B Des milieux fragiles

Les menaces sur l'environnement
Les espaces aquatiques sont particulièrement sensibles aux problèmes environnementaux. De nombreuses catastrophes écologiques ont eu pour théâtre les mers et les océans, comme les marées noires liées au transport de pétrole. On peut citer celle faisant suite au naufrage de l'Erika en Bretagne en 1999, ou encore l'explosion d'une plateforme pétrolière dans le golfe du Mexique en 2010.

• L'épuisement des ressources
Certaines ressources maritimes sont particulièrement sensibles. Les hydrocarbures ne sont pas des ressources renouvelables. Les ressources halieutiques s'épuisent rapidement et leur protection n'est pas toujours respectée. Les Japonais acceptent difficilement l'arrêt de la pêche à la baleine, et les Français, celle du thon rouge.

Les menaces climatiques
Les espaces maritimes seraient également très affectés par le réchauffement climatique. Certains espaces maritimes de l'Arctique deviendraient des mers libres, ce qui rendrait possible l'affirmation de nouvelles routes nautiques.


CONCLUSION

Les espaces maritimes sont donc des lieux clés de la mondialisation, dont ils mettent en évidence les enjeux. Les concurrences entre les différents acteurs des espaces maritimes ne peuvent cependant faire oublier que seule une gestion concertée pourra garantir un accès équitable et durable à leurs ressources.


 


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